Maïs fourrage 2021. A complémenter avec du maïs grain ?

11 décembre 2021 - Béatrice COLLEU

Les rendements sont là. Les teneurs en amidon sont correctes dans l’ensemble. La surprise vient de la moindre digestibilité des tiges et des feuilles. « Elle pourrait pénaliser sensiblement le niveau d’ingestion des animaux », alerte Arvalis Institut du végétal, au vu des résultats de plus de 12 000 analyses réalisées à mi-novembre. Pour faire du lait, il faudra ajuster la complémentation.

A 14,9 t de MS/ha en moyenne, les rendements sont considérés bons à très bons cette année
Rarement en dessous de 13 t de MS, et à plus de 20 tonnes dans certaines régions. Les stocks ont pu être reconstitués. En témoignent les transferts importants du fourrage vers le grain « à plus de 100 000 ha, un niveau rarement atteint », souligne Michel Moquet, spécialiste maïs fourrage chez Arvalis.

Teneur en matière sèche moyenne à la récolte, à 32,6 % MS
C’est un point de moins qu’en 2020, dans les valeurs préconisées. Avec, plus de la moitié des maïs récoltés entre 30 et 35 % MS. « Moins d’un quart des maïs récoltés trop tardivement à plus de 35 % MS, et seulement 5 % au-delà de 40 % MS ».
Les matières sèches trop élevées sont retrouvées en régions Centre-Ouest, Sud-Ouest et Piémonts-Montagne, en lien avec les conditions chaudes, sèches et venteuses de début septembre.
En région Est, « le cumul du déficit de températures jusqu’en fin de cycle ainsi que les premières gelées d’octobre ont entraîné des difficultés pour récolter à maturité : près de la moitié des maïs n’ont pas atteint 30 % MS ».

Les teneurs en amidon sont élevées, à 31,7 % en moyenne
C’est 4 points de plus qu’en 2020, mais surtout c’est très homogène sur l’ensemble du territoire. Les conditions météorologiques de 2021 ont favorisé la mise en place et le remplissage des grains sur toute la France, avec beaucoup de plantes avec deux épis, ce qui a impact plutôt positif sur la quantité de grains. Trois quart des échantillons contiennent plus de 28 % d’amidon.

La, digestibilité des fibres est décevante
En cause, une durée de végétation plus longue, en lien avec les conditions météorologiques pluvieuses et moins chaudes que ces dernières années. La digestibilité des fibres (dNDF) est à 51,1 % (± 3,9 %) en moyenne. Seuls quelques départements du quart Nord-Est font mieux, mais sans doute à cause de récolte réalisées avant maturité.  
C’est le point décevant de l’année. La quantité de fibres indigestes (NDFnd) des maïs 2021 est la plus élevée sur la période 2016-2021.

0,8 litre de lait en moins par vache et par jour
Dans une ration à 12 kg de MS de maïs, le maïs 2021 apporterait 0,35 UFL de moins par vache et par jour (UFl base 2018). En équivalent lait, cela représente une baisse de 0,8 litre de lait par vache et par jour.
Si on se réfère à l’ancien système de calcul des UFL, la moitié des maïs serait à moins de 0,90 UFL. « Il faudra complémenter en énergie ou s’attendre à une baisse de production notamment dans les troupeaux de vaches hautes productrices », commente Hugues Chauveau, zootechnicien chez Arvalis.

Du maïs grain pour les ensilages riches en amidon
Les maïs 2021 nécessitent une complémentation énergétique plus importante que l’année passée pour maintenir un niveau de production équivalent.
« Les maïs, globalement riches en amidon dégradable, seront à complémenter avec précaution, notamment si des céréales sont utilisées. Ceci est d’autant plus vrai si la part de maïs ensilage est importante dans la ration et que la durée de fermentation dans le silo est longue. Des correcteurs énergétiques pauvres en amidon, ou du maïs grain seront plus adaptés dans bon nombre de situations », commente Hugues Chauveau qui incite à tenir compte dans le rationnement de la composition chimique des aliments : glucides fermentescibles et fibres.
« Dans les rations de vaches laitières, il est conseillé de viser au minimum 32 % NDF (dont 70 % issus des fourrages) et maximum 19-22 % d’amidon dégradable dans le rumen, soit 25 % d’amidon total ». A prendre en compte pour ajuster la complémentation énergétique d’un maïs faiblement pourvu en énergie ou pour évaluer la part de fourrages prairiaux (ou méteils ensilés, luzerne…) à apporter pour diluer la teneur en amidon d’un maïs très riche en grain.

 

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